Ayant lu, il y a quelques années, Le comédon de François Landry, je croyais, lorsque j’ai entamé la lecture de ce roman, avoir affaire au même auteur. Il n’en est rien. XX (Hecho en Mexico) est le premier roman de ce François Landry. Comme plusieurs premiers romans, il comporte certaines maladresses mais aussi des qualités. L’auteur éditeur qui semble, s’il l’on en croit la notice biographique insérée dans le livre, offusqué par ce qu’il appelle le « favoritisme institué des producteurs officiels », se sert du livre comme cheval de bataille pour fustiger toutes les institutions et conventions sociales et littéraires ainsi que l’idéologie du « politiquement correct ». Le problème n’est certes pas dans la critique qui a sûrement sa place, mais plutôt dans le fait que tout est critiqué. On a le sentiment que l’auteur a voulu tout mettre dans ce premier roman au risque de diluer excessivement la sauce. Comme le dit si bien le proverbe, qui trop embrasse mal étreint. Pourtant, la verve de l’auteur, son ironie et son ton témoignent d’un potentiel indiscutable.
XX (Hecho en Mexico), récit de voyage falsifié raconte, de façon rétrospective, une journée de la vie du narrateur. Le récit débute à la tombée du jour alors qu’il erre dans les rues de Puerto Vallarta, ne pouvant réintégrer son logement puisqu’il en a remis la clé à sa copine Saba. Il repense aux événements qui ont meublé sa journée, aux conversations qu’il a eues avec ses amis et qui ouvrent l’accès aux histoires de sa propre vie, bien sûr, et surtout à celles de ses intimes, en particulier Boleslao et sa femme Gudrun, points d’ancrage de ses réflexions philosophico-sociologiques. L’idée est intéressante et le récit bien mené en dépit des passages critiques parfois trop moralisateurs et souvent trop appuyés.
Reste ce sous-titre aguichant : « Récit de voyage falsifié ». Du voyage, il est question évidemment puisque le héros et sa copine, Québécois d’origine, sont en vacances au Mexique, mais de la falsification rien n’est dit. Libre au lecteur d’imaginer que l’auteur a falsifié le récit d’un voyage qu’il aurait fait au Mexique ou que le narrateur, avec son ironie particulière, a tout inventé puisqu’il répond, à la fin du roman, à Saba qui lui demande ce qu’il a fait toute la journée : « Un roman, mon amour. Juste un roman. »