Le poète André Roy se passionne depuis toujours pour certains cinéastes, les Wenders, Bergman, Pasolini, Godard, et pour ce que l’on a appelé les cinémas nationaux, c’est-à-dire les films provenant de pays dont on a peu souvent l’occasion de voir la production (Suisse, Finlande, etc.). André Roy collabore depuis plusieurs années à la revue 24 images. Prolongeant les articles parus, il se permet ici de partager avec nous des coups de cœur rétrospectifs à travers ses films préférés. Quelques réalisateurs d’ici, comme Marc-André Forcier et Paul Tana, y font également l’objet d’analyses.
Si chacun des chapitres aborde l’œuvre d’un réalisateur, l’essayiste s’adonne aussi à de nombreuses digressions et apporte beaucoup d’exemples qui situent les films et permettent de les comparer entre eux. L’auteur recense aussi quelques livres sur le cinéma : ceux de Serge Daney, de Gilles Deleuze et les entretiens avec Ingmar Bergman. La mention au passage de dizaines et de dizaines de titres de films révèle l’étonnante culture cinématographique d’André Roy.
Peu de critiques québécois ont eu comme André Roy le privilège de voir publier sous forme de livre leurs réflexions personnelles sur le cinéma. Dans un genre où l’on compte en France de grands ouvrages critiques devenus des classiques (Les films de ma vie, de François Truffaut, ou les livres de Jean-Louis Bory, de Serge Daney), ce Voyage d’André Roy se distingue, surtout par l’insertion des cinéastes québécois Denys Arcand, Richard Roy, Micheline Lanctôt, Robert Morin dans le contexte du film d’art et d’essai d’envergure internationale. Un parent pauvre, toutefois, dans ce livre : le cinéma documentaire, celui de Perrault, de Brault, de Lamothe, qui constituent pourtant l’essence de notre cinéma national, et qu’il faut faire connaître. Ce sera pour une autre fois ; car André Roy a sûrement encore beaucoup à dire et à écrire.