Une fois de plus, Nancy Huston met en scène une tragédie où se conjuguent la naissance, l’amour et la mort, dans un livre à deux volets, le deuxième étant constitué d’une série de photos d’un nouveau-né dont le premier regard paraît à la fois perdu et inquisiteur, que la photographe Valérie Winclker accompagne d’un beau poème intitulé « La première heure ».
« Aie pitié de nous » : c’est sur ce thème que Nancy Huston construit son drame à propos de la difficulté d’une mère d’écrire à son fils une lettre lui annonçant le suicide d’une jeune fille qu’il a aimée.
Tout se passe dans l’esprit de cette mère qui est sage-femme dans une maternité où son activité fébrile au milieu des parturientes lui rappelle la naissance de la suicidée dont elle revoit la vie tellement couvée par des parents perfectionnistes qu’elle s’en est retrouvée coupée de tout contact avec le monde extérieur. Ses premières amours, clandestines, ont provoqué chez elle un tel émoi qu’elle a perdu tout contrôle de ses sentiments et a préféré s’enlever volontairement la vie. « O pardonnez-nous les enfants, car on ne sait pas ce qu’on fait »: tel est le dernier constat de cette pénible histoire subtilement rendue par Nancy Huston.