Psychanalyste jungien, Guy Corneau est surtout un communicateur et un vulgarisateur. S’ils ne font pas avancer la théorie, ses essais touchent néanmoins généralement au cœur des questions fondamentales que soulève la psychanalyse. Ainsi, à une époque où l’on a trop souvent tendance à se déresponsabiliser, à attendre que le système règle nos problèmes, il nous propose une réflexion sur la prise en main de notre vie : Victime des autres, bourreau de soi-même. Le propos repose sur une distinction entre notre personne et notre identité. La personne est une construction, un masque qui projette une image en société et qui joue un rôle défensif contre nos peurs. La personne peut devenir un carcan dans lequel notre individu, qui est mouvement, élan vital, créativité, est enfermé. Lorsque nous vivons une crise profonde (un deuil, une maladie grave, une rupture, un échec professionnel), nous devons, pour la traverser grandi, envisager nos peurs, la prison dans laquelle la personne dont nous jouons le rôle a enfermé l’individu que nous sommes.
Les explications reposent sur une analogie filée avec le mythe d’Osiris, dont les morceaux ont été dispersés après sa mort et ont été ensuite rassemblés par Isis : il faut accepter de déconstruire la personne, l’image défensive à laquelle on s’accroche, pour retrouver l’intégrité de l’individu, accepter toutes les parties de soi-même.
Redisons-le, l’essai de Guy Corneau est une vulgarisation pour néophytes et ne prétend pas faire avancer la recherche. Le propos responsabilise sans culpabiliser, ce qui est positif en soi, mais l’écriture, un brin narcissique et complaisante, verse parfois dans le mysticisme et risque de décourager les plus pragmatiques.