Quand Nicholas Griffin fait des recherches généalogiques sur certains membres de sa famille, il découvre, à sa grande surprise, qu’il avait des ancêtres pirates ! Il décide donc de pousser plus loin ses recherches, part naviguer sur les océans et en revient riche d’expériences, avec une folle envie d’écrire l’histoire de ces aventuriers de la mer. Le résultat, c’est ce premier roman, Vent de flibuste, un récit extraordinaire dont l’action se situe au début du XVIIIe siècle, et qui nous entraîne dans le sillage de Bartholemew Roberts, alias Black Bart, l’un des pirates les plus célèbres, qui arraisonna et détroussa plus de 400 navires avant de mourir au combat. Ce roman est certes un récit d’aventures mais c’est aussi et surtout une sorte de témoignage, un document d’un réalisme parfois insoutenable sur ces flibustiers qui se sont révoltés contre une société résolument inégalitaire, terriblement injuste et violente contre les pauvres. Page après page, nous suivons l’existence mouvementée de redoutables forbans et cela, à travers le journal de William Williams, enrôlé de force dans leurs rangs. Violoniste et lettré, il servira de porte-parole et de scribe à Roberts qui est un navigateur accompli mais qui a besoin de quelqu’un pour consigner ses exploits.
Il y a bien longtemps que je n’avais lu un roman historique (ou un roman tout court) aussi prenant, aussi captivant, qui nous oblige, de manière sournoise et perverse à nous « attacher » à de franches canailles dont le sens de l’honneur est pour le moins très particulier. Même Williams ne manque pas une occasion de nous révéler les côtés sombres de sa triste personnalité. Griffin ne nous épargne aucun détail sur la vie, le plus souvent sordide, à bord des vaisseaux de cette époque : la nourriture, la sexualité, les passe-temps, les corvées et un curieux sens de la démocratie et de la liberté. De plus, en conteur accompli, Nicholas Griffin nous réserve plusieurs surprises et rebondissements, particulièrement à la fin d’une histoire fertile en coups de théâtre. Vent de flibuste est un roman de la mer comme on n’en lit pas souvent !