On ne parle désormais plus d’américanisation ou d’impérialisme culturel américain, mais beaucoup moins péjorativement de mondialisation et de métissage des cultures, selon un modèle qui demeure néanmoins profondément américain, c’est-à-dire inspiré par des pratiques ayant cours aux États-Unis.
Outre des universitaires (Jean de Bonville, Claude Jean Bertrand, Véronique Nguyên-Duy), ce collectif comprend aussi des artistes québécois, comme l’auteur-compositeur Sylvain Lelièvre et le cinéaste Michel Poulette. Le témoignage de ce dernier est particulièrement révélateur : notre cinéma a besoin de personnages positifs et forts, des gagnants, qui permettraient à nos films de rejoindre un public plus large, stimulé par des histoires qui finissent bien.
On reste partagé par les questions d’authenticité, de mimétisme et d’originalité de la culture québécoise devant le modèle américain, points que soulève Florian Sauvageau dans son introduction, car s’il est vrai que les chansons de Sylvain Lelièvre sont typiquement québécoises (bien qu’il admette avoir été influencé par Bob Dylan et Paul Simon), d’autres produits (nos talk-shows par exemple) sont visiblement calqués (sans grande originalité ni transposition) sur la télévision des États-Unis. Certains ont réussi à transposer intelligemment, au point de nous faire oublier le modèle (Charles Trenet dont les chansons typiquement françaises sont pourtant fortement influencées par le jazz et le swing venus des États-Unis), tandis que d’autres ont imité, copié, sans réinventer.
En fin d’ouvrage, l’étude du professeur Ivan Bernier nous fournit une foule de données brillamment interprétées, qui nous aident à comprendre le rôle vital des gouvernements dans la préservation de notre intégrité culturelle. Contrairement au récent collectif dirigé par Sylvie Mathé (L’antiaméricanisme, paru en 2000 aux Publications de l’Université de Provence), ces Variations n’analysent pas les formes de résistance ou d’opposition à l’envahissement américain, mais tentent plutôt de cerner les mécanismes d’adaptation (et de récupération) des structures du divertissement à l’américaine dans notre contexte québécois. En ce sens, Variations sur l’influence culturelle américaine marque une nouvelle tendance dans l’étude des relations entre nos deux pays.