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Mode lecture zen

NUIT BLANCHE

Lamberto Tassinari a été, entre 1983 et 1996, l’âme de la revue transculturelle Vice Versa, aujourd’hui disparue. Cette revue trilingue, de renommée internationale (comprenant des articles publiés en français, en anglais ou en italien), et dont les bureaux étaient situés sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal, était un lieu d’échanges et de débats souvent provocateurs. Le présent recueil regroupe dix-sept textes — pour la plupart éditoriaux, critiques ou vivement engagés – qui tentent de cerner un aspect de la réalité culturelle montréalaise : l’ethnicité et la définition du peuple québécois, les méfaits du pouvoir, une confession audacieuse sur le plaisir de fumer et deux essais plus récents : l’un sur un nouveau Canada et l’autre sur la réticence du grand public à l’égard de ce que l’auteur nomme « l’art difficile ».

Utopies par le hublot se divise en trois parties : la première traite du thème de la cité et de la place particulière qu’occupe Montréal, que l’auteur ne considère pas comme une grande métropole (contrairement à New York ou à Berlin), mais qu’il sent riche de potentiel, malgré ce qu’il nomme « l’ouverture et la fermeture de l’âme québécoise ». La deuxième partie pose le problème de l’art, qui doit être totalement inutile, contrairement à ce que voudraient certains mécènes ou commanditaires qui souhaiteraient un art davantage au service d’une cause ou d’une idée. Quatre essais plus personnels complètent l’ouvrage, dont un très beau témoignage intitulé « Sans Italie », qui relate les premières impressions de l’auteur lors de son arrivée au Canada.

Tout le livre est empreint de culture européenne et surtout du pays natal, cette Italie chérie à laquelle Lamberto Tassinari reste si attaché ; il cite volontiers Calvino, Pasolini, mais aussi plusieurs écrivains d’autres pays européens (Debray, Deleuze, Adorno et Horkheimer). Toutefois, l’auteur demeure aussi profondément impliqué dans plusieurs débats d’idées qui ont eu lieu au Québec durant les années 1990, notamment celui sur la place des communautés culturelles dans un modèle canadien, concept auquel croit Lamberto Tassinari, en y incluant l’apport des peuples amérindiens, dont il estime la contribution à la fois influente et positive.

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