Renaud Longchamps n’est pas un poète contemplateur de la beauté, cette beauté de la nature « dont on nous cache les innombrables défauts », écrit-il. Il est poète de la révolte. La sienne se fait en continu, dirait-on, et sans mise en scène. C’est la conscience de son propre cri devant le hasard nécessaire qui mène l’univers et nos vies. Le cri, voilà ce qu’il nous reste quand on s’est nourri de physique quantique et de nihilisme. La liberté ? « La liberté fait toujours le jeu du hasard / Nous le savons. » Tandis que la religion n’est qu’une « maladie de l’espèce ». Il y a bien ces « dieux odieux » tout en haut qui s’amusent de nos souffrances. Qui sont-ils au juste ? Une autre de nos chimères ? Les dieux, dit Longchamps, sont nés en même temps que la race humaine. En fait, pourquoi ce cri ? Est-ce qu’il ne serait pas, lui aussi, programmé ? La parole de Longchamps est en apparence très affirmative, elle plante le clou et pioche dessus. Mais elle pioche sur du vide. Tout se qui se construit est aussitôt détruit. La révolte tord les hiérarchies, défait les oppositions, se met elle-même en boîte. Il ne reste peut-être, au fond, que ce « nous », mot de quatre lettres autour duquel s’articule la trentaine de longs textes en vers qui composent ce recueil, « ce rêve qu’on appelle nous », écrivait Tzara. Nous sommes, humains, victimes d’une seule et même réalité ; c’est déjà ça de pris, comme on dit, on n’est pas seuls à nager dans cette « fosse à immondices ». La réalité : la corruption, la souffrance, la mort ; comment quelques grains de lumière ont-ils pu en arriver à ça ? Le questionnement de Longchamps s’arrêtera ici, à la frontière d’une nouvelle utopie.
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