Utopia réunit, en un recueil de textes de réflexion critique, les idées d’une vingtaine d’auteurs (écrivains, journalistes, philosophes, sociologues, scientifiques, théoriciens de la communication ou encore artistes) qui ont en commun d’avoir élaboré ou remis en question des utopies.
« Aujourd’hui, c’est le rituel et la simulation qui nourrissent une pensée utopique permanente, sous-jacente à l’expérimentation et à l’exploration des formes et des formules applicables scientifiquement », nous dit-on en préface.
Ce livre, qui s’organise en six parties, s’ouvre sur une entrevue avec Alberto Manguel, auteur du pertinent Dictionnaire des lieux imaginaires : une entrée en matière passionnante où tout est dit. « Les trois utopies fondatrices ‘ celles de Thomas More, de Daniel Defoe, et celle de Jonathan Swift ‘ restent des modèles indépassables. » Et c’est en fin de compte à la littérature que reviendrait la mission de réenchanter le monde, dans des sociétés où la norme est de « faire aimer leur servitude aux individus », où il devient inutile de nous révolter contre quoi que ce soit puisque nous pouvons nous échapper dans le monde irréel ! ». Pour preuve, nous reviendrions à l’idée première du terme principal selon Thomas More en lui donnant le sens de « non-lieu », c’est-à-dire de quelque chose d’impossible, à l’inverse d’un Montesquieu, d’un Campanella ou d’un Fourier…
L’intérêt du recueil tient dans la diversité des thèmes de réflexion et à l’hétérogénéité ‘ sans doute orchestrée ‘ des textes publiés. On comprend moins bien en revanche la brièveté et le ton d’une conclusion quelque peu utopique dans la forme et à tout le moins cryptique sur le fond.