Le nom de Jean-Paul Dubois est partout ces temps-ci. Journaliste au Nouvel Observateur, auteur d’une quinzaine d’ouvrages et, tout récemment, gagnant du Prix Femina 2004, Dubois n’est pas pour autant la « saveur du mois ». Il ne s’agit pas de l’un de ces scribouilleurs fabriqués par un éditeur en mal de succès et de billets verts. Non, son dernier livre, Une vie française, est le fruit d’un travail d’écriture, d’un labeur langagier où l’effort est tel qu’il est indétectable. C’est l’œuvre d’un poète de la situation, d’un fin créateur d’images vivantes, inquiétantes, belles, touchantes, surprenantes et débordantes d’un humour qui fait du bien ; un humour rare dont on a tous besoin.
Dans Une vie française, Jean-Paul Dubois nous entraîne sur les routes de la France de la Ve République, entre 1958 et aujourd’hui, en suivant les divers dirigeants de l’Hexagone. Les politiciens ont chacun leur heure de gloire alors que Paul Blick, héros malgré lui, vit sa vinaigrette, faite de hauts et de bas : l’extase des premiers baisers, des premières caresses, les fiévreuses manifestations de mai 68 et les désillusions qui suivent, étonné de devenir un adulte, un mari, un père, un grand-père… Ses échecs, ses réussites, ses doutes et ses convictions – et tout ce qui ne répond ni à l’une ni à l’autre de ces catégories – ont l’allure familière des surprises que la vie réserve à ceux pour qui l’ambition n’est qu’un passe-temps, ceux pour qui la vie « est un exercice de patience ». Paul Blick, à travers le portrait de ses femmes, de ses enfants, ses photos (il ne photographie que l’immobile !) nous offre un diaporama des grandeurs et des misères d’une époque, d’une génération et de ses lubies et des idéologies qui, encore aujourd’hui, font notre présent.