Ce recueil de nouvelles serait sans doute passé inaperçu si ce n’était des quelques grands romans qui ont établi la réputation de son auteur. En effet, un peu de tout dans cette réunion de textes s’échelonnant de 1982 à 2000 : un récit policier un peu lourd dont on imagine l’intention parodique ; la nuit d’épouvante d’un jeune couple dans les forêts d’Abitibi ; la ferveur de toute une génération pour le cinéma d’Ingmar Bergman, ici délicieusement récompensée par une aventure amoureuse, sans oublier les surprenants instantanés montréalais qui viennent souligner l’attachement de l’auteur à sa ville.
Comme il convient de voir ce nouveau livre dans la perspective de ceux qu’il a déjà publiés, il faut souligner l’habileté d’Yves Beauchemin à construire une histoire à partir de détails de la vie quotidienne et à situer l’action précisément dans tel quartier ou dans telle rue de Montréal. En un sens, on retrouve dans ces courts récits l’évocation vivante de nos propres expériences. C’est ce qui rend attachante malgré tout cette nouvelle expérience littéraire de l’auteur du Matou.