Le nouveau roman de Daniel dA, qui publie désormais chez Vents d’Ouest depuis la fin des activités des éditions L’Effet pourpre, se présente comme un polar épistolaire. Vraiment ?
On y trouve bien des lettres et des courriels. Mais ils sont toujours signés du même « Daniel dA, écrivain haut de gamme, B.D.», qui ne reçoit jamais la moindre réponse des « Très chères Personnalités responsables de la sélection des œuvres littéraires de nature fictive de la revue Alibis ». Il y est aussi question d’un complot visant l’assassinat d’un « vil caissier rouquin » de la librairie Renaud-Bray hospitalisé au Centre hospitalier de l’Université de Montréal pour la maladie de Crohn et même d’une réelle tentative d’empoisonnement. Mais le complot, orchestré par le même écrivain haut de gamme et « bénévole dévoué », n’obtient jamais l’assentiment du rédacteur en chef de la revue Alibis, auteur d’un recueil de nouvelles policières « d’une prose si alerte, d’un style si juste, d’un souffle si délicat, d’une atmosphère si enveloppante, d’une harmonie si capiteuse », qui s’avère être l’actuel président de l’Union des écrivains québécois, Stanley Péan, et c’est en désespoir de cause que Daniel dA décide de mener lui-même le projet à terme.
On l’aura compris : l’étiquette de polar ne convient pas vraiment à ce roman truffé de jeux de mots et satirique à souhait. Tout y passe : l’accent pointu et la tendance des Français à râler, la veine de l’autofiction en littérature, le sex-appeal d’Anthony Kavanagh, la télévision, le simplisme infantile de Franco Nuovo et le populisme de Paul Arcand, les Dollarama, le malheur de ressembler un tant soit peu à Ben Laden, la prétention des médecins et le « dérapage ambulatoire de notre système de santé distinct ».
Comme les précédents romans de Daniel dA – les trois tomes des Aventures hallucinantes de Gusse Oualzerre et Un été de faiblesse-, les lecteurs aimeront ou détesteront Une balle (à peine) perdue. Sans doute pour les mêmes raisons.