« Un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l’islamophobie. Critiquer la violence militante de cette religion dans son incarnation contemporaine est considéré comme du fanatisme. »
Cet extrait de Salman Rushdie, placé en exergue du dernier livre de Pascal Bruckner, introduit de façon pertinente et percutante le propos de l’essayiste.
Celui-ci entend, en effet, dénoncer le recours récurrent aux accusations d’islamophobie, de racisme et de fanatisme lancées à l’encontre de quiconque prétend interroger, en Occident, les exigences des islamistes fondamentalistes appuyés par certains « progressistes ». On aurait pourtant pu s’attendre de ces derniers qu’ils défendent bec et ongles les droits durement acquis des femmes, des homosexuels, de même que celui de critiquer librement les gouvernements et les religions (lorsqu’il ne s’agit pas, bien sûr, d’attaques haineuses). Paradoxalement, selon Bruckner, ces gens de gauche en sont arrivés à appuyer la nouvelle censure qui s’impose de plus en plus. Des expressions comme « terrorisme islamique » ou « islam radical » sont dorénavant taboues dans le discours public. Les nouveaux censeurs crient à la stigmatisation, au racisme et à l’islamophobie dès qu’elles sont prononcées. Ils s’en prennent non seulement aux Occidentaux qui osent défier les décrets des « gardiens du dogme », mais aussi aux musulmans libéraux. Qu’on pense à Salman Rushdie, condamné à mort pour la publication des Versets sataniques, ou à l’écrivain algérien Kamel Daoud, objet lui aussi d’une fatwa, pour son analyse des événements de Cologne, à la veille de Noël 2015. Pourtant, face à cette ouverture inconditionnelle à l’islam qu’on exige dans le monde occidental, la réciproque est loin d’être accordée aux communautés chrétiennes dans les pays musulmans. Ces chrétiens sont systématiquement l’objet de violences, de menaces, d’attentats. Ils sont les grands oubliés des « progressistes » occidentaux qui refusent de voir les tactiques de l’islam radical pour ce qu’elles sont.
En somme, Pascal Bruckner tente de démonter l’imposture des fanatiques qui veulent faire taire ceux qui ne pensent pas comme eux. Il réclame la préservation du droit de parole et de liberté de pratiquer une religion, ou non.
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