Ingénieur consciencieux et réputé, bon vivant et célibataire non endurci, Akseli Jaatinen est dépêché dans le petit village de Kuusmäki afin d’y construire un nouveau pont avant que l’ancien ne s’écroule. Une excellente nouvelle pour les habitants du village qui empruntent le vieux pont quotidiennement et qui, de surcroît, sont victimes d’un chômage endémique. D’un naturel amène et généreux, Jaatinen se fait rapidement accepter et apprécier par les ouvriers qu’il dirige et avec lesquels il n’hésite surtout pas à festoyer ce qui n’a pas l’heur de plaire aux notables qui veillent à la destinée des habitants de la commune. Or le maire, le directeur des travaux communaux et le commissaire ignorent à quel homme ils vont se frotter. « Je peux être très chiant si on m’en donne l’occasion, mais ce n’est encore arrivé sur aucun de mes précédents chantiers. »
Remarquable fabuliste, virtuose de la causticité et des histoires rocambolesques, le bienheureux papa du Lièvre de Vatanen, Arto Paasilinna, cultive l’amoralité comme d’autres plantent des choux. Dans tous ses romans, les fourbes côtoient les enquiquineurs, les perfides fraient avec les lunatiques, les amnésiques et les illuminés sont rois, les déprimés et les suicidaires sont bidonnants et l’homme heureux, courageux et fin stratège. Morale de cette histoire amorale : ne calomnie le musculeux et valeureux Akseli Jaatinen qui veut à moins d’en payer le prix !
Dans Un homme heureux, ou l’art de retourner une situation en sa faveur, le sympathique Finlandais nous sert un plat de choix : le népotisme à la sauce Paasilinna. Relevé à souhait !