Au début des années 1990, Bernard Valcourt, journaliste québécois désSuvré et désabusé, accepte de mettre sur pied un service de télévision au Rwanda. Dans ce pays de l’« ici-maintenant » où les rumeurs tuent et où mourir du sida est nettement préférable à périr sous la machette, des hommes et des femmes se soumettent à l’inexorabilité de leur destin. Bernard Valcourt, l’ami des Hutus et des Tutsis, en est le témoin impuissant.
À l’hôtel où il loge, Valcourt fait la connaissance d’une serveuse, Gentille, une jeune Hutu au corps de Tutsi qui vient de terminer ses études. Foudroyé par sa beauté, il en tombe amoureux, ce qui donne un nouveau sens à sa vie. Au fil des pages, l’histoire d’amour se déroule en parallèle du récit horrifiant du nettoyage ethnique. Récits pour le moins discordants, il va sans dire, mais chronique d’une étonnante prégnance ; le roman de Courtemanche est d’autant plus troublant qu’il prête voix à ses amis disparus.
Un dimanche à la piscine à Kigali nous donne à voir la condition humaine dans ce qu’elle a de plus misérable : son obscène inhumanité. En effet, ce qui est outrageant pour la dignité humaine, c’est la perfidie qui cimente la cohésion des protagonistes : « Ce n’est pas la mort qui est horrible, mais la dissimulation que l’on construit autour d’elle, une manière de nier officiellement [ ] ». L’Histoire nous l’a dit et Elle nous le répète : l’homme est un prédateur pour l’homme.
Triste répétition de l’Holocauste, le génocide des Rwandais est presque tombé dans l’oubli. Pourtant ‘ et l’impressionnant témoignage de Courtemanche nous le rappelle ‘, il s’agit bel et bien du même acte de barbarie perpétré par des hommes contre d’autres hommes et pour des motifs tout aussi abjects : « Si les méthodes paraissaient aussi inhumaines, si les assassins tuaient avec une telle sauvagerie, ce n’est pas qu’ils agissaient dans l’improvisation et le délire, c’est tout simplement qu’ils étaient trop pauvres pour construire des chambres à gaz. »