Jean Pelchat offre avec Un cheval métaphysique un condensé de nouvelles parues notamment dans Stop et Imagine, dans des versions parfois fort différentes. Avec le présent recueil, le lecteur, déconcerté, assiste à la déconstruction de la réalité, pour en venir à l’essence, humaine ou animale, de l’Être.
Jean Pelchat démontre d’abord tout au long du recueil un grand savoir encyclopédique. Le texte prend parfois des allures d’hommage à de grandes compétences, telles que le latin, le grec et la philosophie. De même, on passe de la fiction aux fantasmes intellectuels lorsque le narrateur imagine Aristote discourir sur la perfection contestable de l’œuvre de Rembrandt (« La fusée de Pythagore »). Le narrateur ne cache pas ses références : Descartes, Sartre, Shopenhauer, Heidegger (posé d’ailleurs comme personnage dans « Être »). Le ton aurait pu être prétentieux de par le registre médical, scientifique et biologique ; le tout est cependant loin de l’exposé magistral. L’écriture est un laboratoire. Le lexique s’est donc naturellement adapté au rapport qu’entretient l’auteur avec l’acte même d’écrire. Dans « La main sans tête », le corps du personnage est démembré sans pour autant que sa main s’arrête d’écrire « une histoire qui ne va nulle part et qui, de toute manière, ne concerne que [lui] ».
Ce sont des histoires qui dépassent l’entendement que celles de Jean Pelchat, histoires pour lesquelles il serait injuste de n’accorder qu’une seule lecture, car elles s’affranchissent de toutes limites, si ce n’est celle du format. De calligraphes calligrammes (« Paysages finals ») en enjambements romanesques (« Tribuns »), Un cheval métaphysique et ses nouvelles aux chutes problématiques transportent le lecteur dans un espace qu’on ne saurait véritablement décrire, mais dont la confrontation est essentielle.