Un très beau livre présente une cinquantaine de dessins d’Ulysse Comtois, encre et lavis, fusain, gouache, acrylique, crayon de couleur et mine de plomb, dont une œuvre de 1954 reproduite en frontispice évoquant la peinture orientale.
Ayant pendant plusieurs années fréquenté le peintre et sculpteur, souvent narquois, j’imagine la conversation que nous aurions eue à propos du texte de présentation de 26 pages de Laurier Lacroix, illustré par une reproduction d’un tableau de Roger van der Weyden qui représente l’évangéliste Luc traçant à la pointe d’argent un dessin de la Mère et l’Enfant. C’est sûr que le bSuf, l’animal emblématique de saint Luc, répond bien à la détermination patiente d’Ulysse Comtois. Quant au texte, finement ciselé et d’un vocabulaire très technique, il me rappelle les présentations universitaires de plusieurs expositions d’œuvres « abstraites » des dernières années où le visiteur a souvent beaucoup de difficulté à faire coïncider ce qu’il lit et ce qu’il regarde. C’est le piège de l’abstraction : réduire des œuvres par ailleurs très intéressantes à des structures intellectuelles formelles qui éloignent plutôt qu’elles ne rapprochent des œuvres. Mais ici, la contemplation des dessins pleins de rythmes et de formes d’une grande fraîcheur suffira sans doute à faire le ravissement du lecteur curieux.