Auteur de Que jeunesse trépasse, publié en 1999, Brisebois écrit un second roman dans la même veine avec un nouveau (anti-)héros au nom évocateur, Morvan Trépanier. Subjugué par le charme d’Annonciade, une jeune fille rencontrée dans le parc La Fontaine, Trépanier semble résolu à tout pour la séduire. Il n’hésitera pas à aller la retrouver au Festival de la poésie de Trois-Rivières (et en profitera pour régler quelques comptes avec les éminents représentants de la scène littéraire québécoise – Beausoleil, Miron, Brossard, notamment), ni à frayer avec une bande de jeunes néo-nazis. Hélas, l’univers de Trépanier est miné par l’échec, le malheur et le désespoir. Incapable de conquérir le cœur d’Annonciade, il se résout à vivre avec la sœur de cette dernière, Fabia, vautré devant la télévision en buvant de la bière et en ressassant son dégoût de la vie. Quand la situation devient explosive, Trépanier se réfugie chez son ami Goulven, l’un des seuls personnages du roman à goûter à quelques plaisirs de la vie.
L’existence, telle que la conçoit Brisebois, n’est qu’un flottement entre la vie et la mort. Sans espoirs et sans projets mobilisateurs, les personnages du roman semblent fascinés par un nihilisme qui en conduit certains au suicide et d’autres au meurtre. Malheureusement, au lieu de présenter une vision cohérente et structurée du désarroi d’une jeunesse sans repères, Brisebois se révèle aussi velléitaire que Morvan Trépanier : hésitant entre la posture de pamphlétaire et celle de romancier, il nous propose un texte confus, alourdi de procédés narratifs dont on ne perçoit pas toujours la pertinence. Acérée et acrimonieuse, la plume de Brisebois accouche parfois d’ingénieuses trouvailles linguistiques, mais la redondance de ces effets finit par agacer. Une chose est certaine, cependant : ce roman ne laisse pas indifférent.