D’octobre 1994 à octobre 2007, David Lonergan a rédigé 804 chroniques littéraires, publiées pour la plupart dans L’Acadie Nouvelle, l’unique quotidien francophone du Nouveau-Brunswick. Dans une anthologie qui emprunte son titre à la rubrique du journal où ils sont principalement parus, il regroupe aujourd’hui quelque 120 de ces textes, choisis parmi « ceux qui [lui] apparaissaient comme ayant une pertinence tant par leur forme que par leur sujet ». S’ébauche ainsi un « portrait intuitif, parcellaire, fragmentaire » des œuvres d’une soixantaine d’auteurs, que l’éditeur présente avec raison comme une « vivante initiation à la littérature acadienne contemporaine ». Les Antonine Maillet, Herménégilde Chiasson, Serge Patrice Thibodeau, France Daigle et autres Dyane Léger y côtoient des écrivains moins connus comme Georges Bourgeois, Christian Brun, Brigitte Harrison, Simone Rainville et Cindy Morais.
De façon générale on trouve dans les commentaires de David Lonergan une présentation de l’auteur, un compte rendu et une mise en contexte de l’œuvre, un parallèle avec les écrits précédents, le cas échéant, le tout volontiers accompagné de citations. « Détest[ant] les critiques littéraires qui ne font que [des] résum[és] », l’anthologiste inclut dans ses propos des remarques formelles touchant le rythme des poèmes, les types de narrateurs des romans, la chute des nouvelles, les niveaux de lecture ou encore la langue utilisée par les auteurs, qui varie du français standard au « chiac », en passant par le français populaire, le « vieil acadien » et l’anglais. Sont ainsi notées la musicalité de la poésie de Fredric Gary Comeau, la fluidité du style d’Éric Cormier, la sobriété de la plume de Françoise Enguehard…, autant que les anachronismes de l’un, « l’utilisation des temps […] parfois cahotique (sic) » d’un autre, les erreurs narratives et les « trop nombreuses fautes d’orthographe » d’un troisième…
Connaissant la différence entre les critiques universitaire et journalistique, David Lonergan pratique la seconde sur le ton accessible de qui veut toucher le plus vaste public et utilise à l’occasion des formules de la conversation familière : « ce coup-ci », « rendu en 1987 », « eh non, je ne vous les raconterai pas »… Les chroniques du Québécois d’origine et Acadien d’adoption renseignent également le lecteur sur les maisons d’édition, les troupes de théâtre et les revues et journaux d’Acadie. Tintamarre ne serait-il pas l’embryon de l’Histoire de la littérature acadienne sur laquelle, au dire d’Herménégilde Chiasson, l’un des deux préfaciers, le critique « travaille depuis un certain temps » ?