L’image que l’on se fait de la coopération internationale se résume trop souvent à la vision misérabiliste des enfants au ventre ballonné, aux yeux exorbités, et à celle des dirigeants despotiques des pays en voie de développement honteusement prospères, ponctionnant à pleines mains l’enveloppe de dollars charitablement octroyée par les pays occidentaux.
Depuis quelques années, les pays donateurs du Nord, éreintés par le poids de leur solidarité, ont décidé de couper les budgets de l’aide aux pays pauvres, exigeant, de surcroît, efficacité, rentabilité, productivité dans le travail de terrain des organisations humanitaires. Cette gestion par résultats impose aux projets de coopération un rendement qui se conjugue péniblement avec la notion de temps. Car les ONG, qui doivent répondre à des critères économiques immédiats et jongler avec une comptabilité très serrée, pensent des projets qui ne s’inscrivent pas dans la durée.
Un projet de coopération Canada-Mali a toutefois prouvé qu’avec quelques milliers de dollars et quelques années d’expérimentation, une démarche de développement durable et local basée sur le respect des traditions, de la culture du pays et du rythme d’apprentissage des populations pouvait remporter un ferme succès. SUCO, dont le siège social est à Montréal, a pris au mot les habitants d’un petit village du Mali pour les aider à se passer de l’aide bilatérale et à emprunter les routes de la démocratie. L’organisme a dégagé de cette expérience une méthodologie cohérente et reproductible dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest. Or, cette approche différente du développement ne serait rien sans la générosité publique canadienne…