Gnomes, elfes et fées connaissent depuis quelque temps une popularité sans précédent : on les rencontre au cinéma, à la télévision, dans la littérature, quand ce n’est pas simplement dans le jardin du voisin. Daniel G. Lalande a fait de ces êtres insolites les personnages-clés de son roman intitulé Sur les épaules d’un gnome. Bien que plutôt bref – il compte tout au plus une centaine de pages -, le roman multiplie péripéties et rebondissements. Le héros en est David, un jeune costumier parti tenter fortune à Londres où des aventures saugrenues lui arrivent et où, guidé par un gnome suédois adepte de cabrioles de toutes sortes, il découvre les clés devant lui permettre d’établir un contact direct avec son être intérieur : « […] j’étais tombé dans une faille de l’histoire du petit peuple [les gnomes] en écoutant ma voix intérieure qui cherchait la beauté », dira-t-il à la fin du récit pour résumer son périple. Le roman adopte la facture d’un rituel initiatique qui conduit David d’un lieu initial terne et angoissant à « l’Autre Monde », univers coloré où tout devient possible. Ouverture au sacré, initiation à la teneur « magique » de la vie, Sur les épaules d’un gnome révèle en définitive au lecteur que repose en chaque être humain un gnome de lumière n’attendant que le moment opportun pour bondir et manifester sa soif d’existence tumultueuse.
Première œuvre d’un jeune auteur prometteur, Sur les épaules d’un gnome se présente comme un véritable hymne à la vie. Certes, quelques maladresses de débutant se traduisent çà et là dans le roman par des lourdeurs de style évidentes : par exemple, Daniel G. Lalande place souvent son héros dans des situations abracadabrantes, où les rapports de cause à effet ne sont guère explicités ; il multiplie les comparaisons gratuites, peu éclairantes sur l’état des personnages ; enfin, l’utilisation constante du plus-que-parfait de l’indicatif affecte la chronologie des événements. Qu’à cela ne tienne, le roman communique au lecteur un vent de fraîcheur et Lalande réussit, par un jeu intéressant sur les lieux communs, par le recours au surnaturel mais aussi à l’aide d’un métissage et culturel et temporel, à faire vivre à son lecteur une aventure féerique. Sur les épaules d’un gnome gagnera à être dévoré des yeux par petits et grands, gnomes ou humanoïdes.