Ses lectrices et lecteurs reconnaîtront, dans ce récit, le ton intimiste auquel Gilles Archambault les a habitués : en fermant les yeux, s’il leur était donné d’en écouter une version audio, ils se croiraient aisément en conversation privée avec l’écrivain. Une conversation laissant transparaître chez lui une certaine tristesse…Un projet de roman amène l’écrivain à Saint-Malo, une ville que sa femme décédée aimait bien visiter. En sortant de la gare de la SNCF, il se retrouve sous la pluie dans une file pour un taxi. Devant lui se trouvent une jeune Malienne volubile et « une bonne femme à l’imper rouge vif dont l’air rébarbatif [l’]horripile ». À partir des bribes d’informations divulguées par la jeune femme, l’écrivain imagine une amorce pour l’œuvre de fiction qu’il projette. Il apprend notamment que Kim est la fille d’un urologue de Bordeaux et qu’elle est venue en Bretagne afin de tenir compagnie à une vieille dame se croyant pianiste de concert.Mais le séjour à Saint-Malo ne sera pas très heureux, puisqu’il pleut toute la semaine et qu’il s’avère rapidement que Kim ne sera pas un personnage de roman. Toutefois, le voyage devient une occasion pour l’écrivain-narrateur d’amorcer une réflexion sur certains événements de son passé. Il évoque des souvenirs rarement ou jamais confiés à son lectorat. Par exemple, des circonstances entourant sa naissance, son premier travail de commis d’épicerie, ses premières publications de romans, ses débuts à Radio-Canada, sa brève expérience d’éditeur.Encore une fois, Gilles Archambault a recours au « je », ce qui contribue, bien sûr, au sentiment de conversation intime qu’il nous communique. Sortes de clins d’œil à son projet initial de roman, il parsème ici et là des références aux deux protagonistes qu’il aurait pu mettre en scène : la jeune Kim et la vieille dame, promue pianiste et ayant été célèbre dans les années 1990, baptisée Lydia. Mais cette fiction avec laquelle il jongle, n’est-elle pas finalement une façon de tromper l’insondable solitude que l’on perçoit en lui ? N’utilise-t-il pas d’ailleurs une formule révélatrice lorsqu’il parle de « ces années où je formais un couple » ?Un récit dans lequel ses habitués retrouveront un Gilles Archambault plus enclin que jamais à la confidence.
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