Audre Lorde (1934-1992) est l’auteure d’une dizaine de recueils de poésie et presque autant de prose dont le Journal du cancer, récipiendaire du Prix du livre de l’American Library Association Gay Caucus en 1981. Souvent honorée, Audre Lorde fut selon certains, et même peut-être selon elle-même, une caution pour l’Amérique. « Je suis Noire, lesbienne, féministe, guerrière, poète, mère » : c’est par ces mots qu’Audre Lorde entamait la plupart de ses conférences, dit-on, comme pour couper court à toute tentative de récupération.
Son œuvre est indissociable de ses combats, qu’il s’agisse de sa lutte contre le racisme, contre le sexisme, contre la pauvreté Femme en colère, Audre Lorde ne fit jamais que s’insurger contre des fardeaux d’un autre âge qui avaient pourtant si profondément marqué sa vie mais en s’efforçant de toujours retirer quelque chose de positif de son courroux. « Ma réponse au racisme est la colère. J’ai vécu avec cette colère, en l’ignorant, en m’en nourrissant, en apprenant à m’en servir avant qu’elle ne détruise mes idéaux, et ce, la plus grande partie de ma vie. Autrefois, je faisais tout cela en silence, effrayée par le poids d’un tel fardeau. Ma peur de la colère ne m’a rien appris. Votre peur de cette colère ne vous apprendra rien, à vous non plus. »
La publication en un volume coédité par deux maisons d’édition, suisse et québécoise, de ces « essais et propos sur la poésie, l’érotisme, le racisme et le sexisme », a le grand mérite de faire connaître Audre Lorde et, comme il est précisé dans les remerciements, de la faire voyager dans toute la francophonie.