Le XXe siècle fut sans contredit le siècle de l’image. Il était donc naturel que pour souligner la fin d’icelui, des éditeurs aient l’idée d’en faire la rétrospective à travers les photos qui l’ont capté sur le vif. Les éditions Phaidon, qui sont peut-être actuellement les plus grands éditeurs de « livre d’images », n’ont pas résisté à la tentation. Et tant mieux pour nous !
Siècle présente plus de 1000 photos ; chacune est accompagnée d’un bas de vignette qui rend compte de l’événement photographié. En plus, à la fin de chaque section (le livre en compte six), un court texte met en perspective les moments de l’histoire représentés et quelques citations d’écrivains de l’époque nous en restituent un peu « l’esprit ».
Le premier défi qui se posait évidemment dans le choix des photos était d’éviter les clichés (excusez le jeu de mots) qui ont fini d’émouvoir à force d’être vus. Défi relevé avec brio, car même en ce qui concerne les événements les plus médiatisés (le mariage du prince Charles ou l’assassinat de Kennedy, par exemple) on prend soin de nous présenter des images inédites (pour nous !). En outre, la plupart des photos ont été choisies pour leur valeur historique plus que pour leur qualité esthétique. Ce qui n’enlève rien à leur pouvoir d’évocation. Au contraire.
Qui dit choix, dit partialité forcément. Ici, il est journalistique, européen, anglais en particulier : celui de Bruce Bernard, éditeur photo au Sunday Time de Londres et au magazine Saturday Independant. Pas étonnant donc d’y trouver beaucoup de photos qui évoquent des personnalités ou des événements qui n’ont pas eu ici la même résonance (la révolte irlandaise du début du siècle par exemple). Par ailleurs, qu’on y fasse une si large place aux côtés « sombres » de la destinée humaine n’a rien de surprenant.
Quelle impression nous reste-t-il après avoir parcouru ces centaines de photos ? Une vision pessimiste de la nature humaine, il faut bien l’avouer tant ces images rappellent avec puissance le lot de souffrances que ce siècle « de fer et de sang » a fait peser sur l’humanité. On ne peut s’empêcher non plus d’être ému par ces « souvenirs pieux » qui donnent un visage à l’Histoire et nous restituent, le temps d’une prise de vue, quelques moments d’éternité.