L’auteur est philosophe, romancier et animateur d’un projet collectif de ferme écologique. Sa réflexion sur la maladie et la mort est empreinte de sincérité et de sagesse.Le titre du livre n’est pas engageant. Il ne reflète pas la profondeur philosophique et poétique du texte qu’il coiffe. Envisageons la possibilité que le titre soit le fait de l’éditeur. Quoi qu’il en soit, il résume tout de même un aspect majeur de la réflexion de l’auteur. Si bien intentionnés soient-ils, les soignants s’attacheraient trop souvent à combattre la maladie, plutôt qu’à soutenir la santé, risquant ainsi de tuer le patient.Sur un ton de confidence qui n’enlève rien à la richesse du propos, Jean Bédard se penche sur son expérience personnelle de démêlés avec le cancer pour en tirer des leçons, sinon des questions pertinentes. Après avoir accepté de subir deux opérations majeures destinées à retirer de son corps des tissus cancéreux, Bédard a refusé un programme de traitement préventif de chimiothérapie. Il a basé sa décision sur une démarche sérieuse de recherche de données de première main. Sa conclusion suggère de soigner un malade atteint du cancer selon sa situation au regard de deux pôles d’un continuum. Chez les sujets plutôt jeunes, pour les types de cancer où la chimiothérapie a démontré un fort taux de succès sans comporter de risques trop élevés pour la personne, cette thérapie pourrait être la bonne. Par contre, chez des sujets âgés, où la chimiothérapie expose à des risques élevés tout en démontrant statistiquement peu d’efficacité, il pourrait être plus judicieux de miser sur le soutien aux processus naturels de guérison, même si on les connaît peu. En lieu et place de la chimiothérapie qu’on lui proposait, Bédard a misé sur une diète spécialement conçue pour renforcer ses défenses personnelles. En expliquant son choix, il prend bien soin de mentionner qu’il ne rejette aucunement la médecine scientifique, au contraire, et que le type de thérapie qu’il a choisi doit être impérativement supervisé par des personnes compétentes. Bien sûr, on souhaiterait peut-être en savoir davantage sur le type de suivi requis, mais ce n’est pas l’objet du livre.Le philosophe insiste surtout sur l’importance de considérer la santé comme une valeur en soi, plutôt que simplement une absence de maladie. Notons au passage que cette vision est celle de l’Organisation mondiale de la santé depuis de nombreuses décennies, mais elle n’est visiblement pas celle qui guide les systèmes de santé de par le monde, où le financement du domaine préventif demeure d’une scandaleuse indigence par rapport au curatif. Bédard remonte toutefois à l’essence de cette logique pour mieux en élargir la portée. En effet, miser davantage sur la santé relève ultimement d’une plus grande confiance en la vie, ce qui s’exprimera notamment par une meilleure mise à contribution de nos forces physiques et mentales.Plusieurs autres thèmes sont abordés par Bédard sous le même éclairage. À propos de la vieillesse, il observe que les personnes parvenues au grand âge ne sont pas considérées à leur juste valeur dans nos sociétés : « […] on nous décourage, on nous dissuade de nous tenir droits, de vivre solidement, d’assumer notre place d’éclaireur, de boussole et de flambeau ».Face à la mort, encore là, une plus grande confiance en la vie est susceptible de mieux préparer l’individu au dernier grand saut dans l’inconnu. Certaines avancées sociales pourraient aussi lui permettre de quitter ce monde plus sereinement, notamment l’accès à un meilleur contrôle des circonstances du départ. Selon Bédard : « Il appartient à chacun de juger du moment de son envol. Priver une personne de la possibilité d’achever sa vie terrestre au moment voulu engendre une angoisse démesurée de l’acte de vieillir ». Enfin, une vision axée sur la continuité plutôt que sur la rupture souligne l’importance vitale de la transmission sur tous les plans, au sein d’une culture, entre les différentes cultures et entre les générations. Au creuset de la transmission se construit l’espérance.Aux dernières nouvelles, Jean Bédard se porte bien. Souhaitons-nous de pouvoir le lire encore longtemps.
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