À Roissy, Roque, la soixantaine bien sonnée, fait une rencontre inattendue : Léa, deuxième année de médecine, majeure depuis peu, sur le point de s’embarquer pour l’Amérique dans le but de rejoindre une bonne copine à Philadelphie. Alors qu’une grève cloue les avions au sol, un dessein pour le moins extravagant germe dans la tête de Roque, projet auquel acquiescera la jeune Léa, dont le véritable prénom ne pouvait être que Lolita !
Espèce de grand émotif naïf, prompt à défaillir, Roque est un amoureux des mots et de l’histoire. Point besoin d’être extralucide pour deviner qu’avec sa nymphette, il entreprend un voyage pour le moins risqué : un écart de presque deux générations les sépare, avec tout ce que cela comporte de dissemblances et d’incompatibilité. Un peu tard, d’ailleurs, à Chicago, dans le plus grand magasin de disques au monde, pour se poser les questions qui auraient dû surgir à Roissy (surtout lorsque la personne à séduire est adepte du hip-hop, du trip-hop, du rap et qu’elle dédaigne les hit-parades des années 1930) : « Quelle est l’efficacité d’un savoir dans la conquête d’une femme ? »
Fort bien écrit, émaillé de références cinématographiques, littéraires et de détails historiques, Santa Fé est un roman prenant et souvent fort émouvant puisqu’il aborde un thème auquel, au-delà d’un certain âge, personne ne reste indifférent. Pathétique, cette histoire d’un homme plus très jeune en quête d’une jouvencelle, d’une lolita, et surtout d’une jeunesse à jamais perdue dont il n’a pas su, de toute évidence, faire son deuil.
À ce « Vieux, le mot qui tue », on pourrait rétorquer sans trop risquer de se tromper : et si c’était le désir irraisonné de l’éternelle jeunesse qui précipitait la déchéance ?