Ce petit bouquin est de ceux dont l’écriture, l’atmosphère et le rythme séduisent d’emblée, mais qui, pour ce motif, semblent moins riches de contenu. Dans le cas présent, il faudrait nuancer la nuance : l’intrigue n’est pas si simpliste.
D’ailleurs, l’enquête policière n’est guère dissociable du climat de suspicion et de rivalité nerveuse qui corrompt presque tous les rapports humains et que recrée William Reymond. Dans le département des Basses-Alpes, on n’aime pas plus les journalistes que les autres vampires. D’un corps policier à l’autre, la concurrence et les peaux de banane prennent toujours le pas sur les très théoriques collaborations. Entre ceux qui ont autrefois fréquenté les nazis de trop près et ceux qui ont préféré la résistance, la rancune s’enracine avec le passage des décennies. Cela n’est plus un décor, mais l’objet même de l’enquête : le coupable sera aisément identifié si le policier parvient à départager les haines profondes et permanentes de celles qui s’exacerbent et qui tuent.
Il ne faudrait pas, trop soucieux de rendre son dû à l’intrigue, passer sous silence le métier très sûr de William Reymond dans l’art du dialogue, dans le dessin des portraits, dans l’évocation brève et efficace des différences culturelles et des secrets enfouis.