Les histoires de prétoire constituent une mine d’or pour un romancier. À plus forte raison quand ce dernier fait lui-même office de juge. C’est le cas de Giancarlo De Cataldo, magistrat à la Cour d’assises de Rome le jour et auteur de romans, de scénarios, d’essais et de pièces de théâtre le soir. Basé sur une instruction qu’il a lui-même menée, Romanzo criminale est son dernier opus paru en français.
Sur une période d’une vingtaine d’années – de la fin des années 1970 à celle des années 1990 – l’auteur y retrace la montée puis la chute d’un groupe de malfaiteurs qui n’ont reculé devant rien pour prendre le contrôle d’une Rome clandestine, déchirée par les tensions politiques et sociales.
Sur fond de corruption politique et juridique, De Cataldo retrace le parcours de ce groupe de truands qui tuent sans état d’âme, traitent les femmes comme des commodités et transigent d’égal à égal avec tous les pouvoirs en place. À travers la peinture aux couteaux et aux fusils de ces « années de plomb », l’auteur dessine les contours d’un univers où personne n’est tout à fait innocent : du curé au magistrat, de l’homme politique à l’officier de police, en passant par l’ami ou l’associé.
Si Giancarlo De Cataldo possède indéniablement le sens de la composition et une grande maîtrise de l’écriture romanesque, il n’a pas écrit la version italienne d’American tabloïd (James Ellroy). Ses personnages sont trop unidimensionnels pour nous toucher vraiment. Surtout, le récit perd trop souvent de sa tension du fait de la dispersion de l’action. Bon scénario pour un feuilleton télévisuel, Romanzo criminale a le mérite de s’appuyer sur des faits véridiques, rapportés par celui qui en a la meilleure connaissance.