L’acte de lecture a fait l’objet de nombreuses études depuis les années 1960. Des sociologues, des psychanalystes, des sémioticiens se sont consacrés à cette activité à la fois familière et complexe. Certains, comme Roland Barthes, ont insisté sur la dimension fondamentalement subjective de la lecture. D’autres, au contraire, ont tenté de déterminer l’activité de lecture en fonction d’un certain nombre de paramètres et de directives contenus dans le texte. Lucie Hotte, pour sa part, adopte une position nuancée en choisissant d’examiner les différentes médiations entre le texte et le lecteur.
L’introduction de Romans de la lecture, lecture du roman rend compte de l’évolution des théories de la lecture depuis une quarantaine d’années. Plus qu’un simple survol, il s’agit d’une intéressante mise en perspective des nombreuses approches, qui permet de montrer leurs affinités et leurs divergences. Ces pages introductives donnent aussi aux lecteurs profanes la possibilité de connaître le contexte épistémologique à l’intérieur duquel s’inscrit la réflexion de l’auteure. Les deux chapitres suivants forment un diptyque. La première partie est consacrée aux différentes fonctions de la représentation de la lecture dans des textes québécois. Hotte examine le statut des différents personnages lecteurs ainsi que celui des livres lus. Dans la seconde partie de l’essai, l’auteure étudie des romans mettant en scène une lecture en acte, c’est-à-dire dans lesquels un personnage relate sa propre lecture et son processus d’interprétation.
L’ouvrage de Lucie Hotte, agrémenté d’une intéressante bibliographie, s’adresse d’abord à un public spécialisé. Il demeure néanmoins accessible à un grand nombre de lecteurs, dans la mesure où le propos n’est jamais abscons et le souci de clarté est évident.