Un court recueil construit comme un double récit : l’un sur la page de gauche, l’autre sur celle de droite. D’un côté, la voiture comme échappatoire, de l’autre, une relation amoureuse complexe.Les deux sections s’ouvrent sur un même vers : « Perdre le Nord », et se développent autour d’une mort, l’une réelle, l’autre métaphorique. Une course ou une fuite et une relation entre les deux.En voiture, la narratrice quitte la maison « en sachant pas pourquoi », brisant l’habitude de faire cette route (dans la Péninsule acadienne) pour reconduire son frère à son travail. Sur le chemin, un lapin blessé par une voiture. Elle s’arrête, le tue, sachant « comment tuer proprement » comme le lui a montré son père, d’où le « roadkill ». Puis, de retour à la maison, elle le dépèce fièrement avec son père.En parallèle, la relation difficile avec son amante, dont les tensions et les sursauts alimentent les poèmes. Autant le récit de la page de gauche est simple, autant les émotions de la page de droite sont à fleur de peau. Et pourtant, de nombreux liens sont possibles dans ce qui pourrait apparaître comme une dichotomie. À la violence d’occire le lapin correspond celle de ses sentiments : « Elle, ma plaie ouverte / mon coup de couteau dans l’aorte / assassinat et feu de forêt ».Un jeu de va-et-vient s’établit entre les deux parties, créant un entrelacement entre les faits et le senti, ce qui produit un déséquilibre entre la réalité et la perception qu’elle a de son amante. La force des textes naît de cette volonté de résoudre les difficultés que la narratrice éprouve et qu’elle cherche à nommer, utilisant des images de combat, de blessures physiques et morales.Un recueil à la fois sombre et lumineux, bousculé par les aléas de la relation amoureuse.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...