En 1849, après le décès de ses parents, le petit Adriano Lungo quitte Montechiarro en prononçant des mots dont la vraie signification lui échappe alors : « Je reviendrai ».
Cent vingt-neuf ans plus tard, une jeune fille, voulant percer les secrets et les silences obstinées de sa mère, voulant connaître ses origines, viendra dans la même ville et achèvera une lutte féminine, une quête de bonheur, entamée un siècle et demi plus tôt.
Entre-temps, entre le départ d’Adriano et la venue (ou le retour) de Lætitia, c’est l’Histoire qui défilera sous nos yeux. L’histoire d’une petite ville qui « en vieille aristocrate [ ] préfère qu’on ne lui rappelle pas sans cesse ses titres de noblesse, de peur de devoir en admettre la fragilité ». L’histoire d’un pays blessé par le fascisme, où les Chemises Noires agissent sans hésitations, respectant souvent la règle du « Citez-moi une phrase d’un homme et je vous le fais condamner à mort ». L’histoire des années au cours desquelles, à tous ceux qui s’opposaient à ce qui se passait, « ne rest[ait] que le silence et la nuit ». L’histoire des gens qui, dans une époque, bâtissaient Montechiarro et de leurs rejetons qui le ruinaient dans une autre
L’histoire des femmes surtout, des générations de femmes qui se battaient contre les hommes – « les femmes avec leurs mains nues, nues, toujours réduites à cette nudité, instrument de leur perte aussi bien que de leur triomphe contre les multiples uniformes de l’orgueil, de la force brute, des certitudes écrasantes ». Une histoire de soumission et de révolte, de combats et de défaites, d’amours interdites et de beauté de quelques instants qui marqueront des vies entières.
Retour à Montechiarro est un roman impossible à décrire dans un commentaire aussi court – c’est un livre qu’il faut lire et relire, à cause du regard lucide que Vincent Engel pose sur le monde, à cause de ses personnages si réels, à cause de cette atmosphère souvent dure, blessante et pourtant enveloppante. Un roman dont vous pouvez espérer beaucoup car « Vous verrez bien ! C’est la vie qui va s[‘y] passer, que diable ! »