À peine un an après la publication de son roman L’oreille gauche et de L’œil et le cœur, livre témoignage sur ses années de cinéaste documentariste, Michel Régnier nous revient avec Retour à Corézy. Après le Japon et le Tiers-Monde dévasté, voici un retour au pays natal dans cette France provinciale qu’il a quittée à vingt ans.
À Corézy, quelques années après l’Occupation allemande, les fantômes traînent toujours. Surtout ceux dont on préfère taire le nom. Celui d’Hélène frappe l’imagination de sa nièce Marie-Pierre et de son inséparable amie, Jeanne. Les années passent et Marie-Pierre, comme sa tante, décide de suivre un chemin exigeant : elle devient infirmière pour différents organismes Suvrant dans des pays en développement. Entre le Honduras, le Cambodge, le Rwanda, la Bosnie, entre les catastrophes naturelles et la folie humaine, Marie-Pierre perdra son mari et ses illusions, connaîtra la honte et le désespoir de femmes violées et torturées devant leur propre famille, la mort de milliers d’enfants, les manigances politiques sordides et sa propre maladie qui lui enlève un sein. De son côté, Jeanne, mère célibataire à seize ans, restera au village natal et, armée d’un courage tranquille, mènera une vie en apparence plus banale. Autour des deux amies, au fil des ans, gravitent plusieurs personnages. Les deux amies ne se perdront jamais de vue et se retrouveront, à chaque retour de Marie-Pierre, dans ce même lieu où s’échangent les confidences depuis l’enfance.
Roman de la nostalgie ? Hommage à ces lignées d’artisans dont il est lui-même un héritier ? Plaidoyer contre la folie humaine et la condition du tiers-monde manipulée par les pays industrialisés ? Peut-être, mais Retour à Corézy se lit avant tout comme la chronique de ces êtres qui, petit à petit, au bout du monde ou au coin de leur rue, tentent de faire du monde un lieu où on peut encore vivre, tout simplement. Et si certains lecteurs pourront trouver un côté un petit peu trop fleur bleue aux amours des uns et des autres, la description de ces campagnes françaises est à déguster lentement.