Ce livre est à la fois un témoignage, une analyse et un plaidoyer. Les auteurs, à partir d’enquêtes journalistiques et d’observations participantes, décrivent le mouvement d’anti-mondialisation. Celui-ci s’organise de façon bien différente des partis politiques et même des mouvements sociaux traditionnels comme le mouvement ouvrier.
Les auteurs proposent des jalons descriptifs, des pistes d’analyse tant sur le rapport au politique et les nouveaux modes d’organisation de ce mouvement que sur le savoir qui préside à cette structuration nouvelle. Selon Florence Aubenas et Miguel Benasayag, ce qui caractérise le mieux ce mouvement très médiatisé, ce n’est pas tant son caractère anti-mondialisation, mais ce qu’ils appellent une « nouvelle radicalité », en ce qu’il refuse le militantisme classique (celui qui attend le grand soir de la révolution) et l’individualisme néolibéral.
Il n’y a pas vraiment de conclusion au livre, sans doute parce qu’on est encore trop près de l’événement. La partie la plus faible, à mon sens, est celle qui porte sur l’économie, car il y aurait eu beaucoup plus à dire. Mais on ne peut pas tout dire d’un seul coup, surtout à propos d’un mouvement aussi protéiforme. En refermant le livre, on attend la suite : celle du mouvement et celle des analyses ; en ce sens, les auteurs ont presque atteint leur but. Ils l’auront cependant vraiment atteint quand les lecteurs se demanderont : et moi, que puis-je faire concrètement dans mon milieu ?