Tiré du film documentaire du même nom lancé en 2015, Requiem pour le rêve américain regroupe des entrevues avec le linguiste, philosophe, conférencier et activiste américain de réputation mondiale Noam Chomsky.
Le titre fait référence à l’idée que le rêve américain de la mobilité sociale basée essentiellement sur le talent n’est plus, aujourd’hui, qu’une vague chimère. L’essentiel de la richesse, des revenus et du pouvoir est maintenant confisqué – aux États-Unis comme ailleurs – par 1 % (et même plus encore par 0,1 %) de la population et transmis à la descendance.
Se retrouvent dans Requiem pour le rêve américain certains des thèmes majeurs de la pensée chomskyenne. Ces thèmes apparaissent au fil du dévoilement des dix principes (dénoncés en autant de chapitres) instaurés par les puissants afin de détourner l’esprit de la démocratie à leur avantage. L’objectif est de conserver leurs privilèges et de défendre leurs intérêts, tout en laissant croire à l’ensemble des citoyens qu’ils ont vraiment voix au chapitre.
Un exemple de la mainmise économique de quelques-uns est révélé : la banque Citigroup a conçu un « portefeuille d’investissement ploutonomique », c’est-à-dire destiné à ceux qui constituent le principal moteur de l’économie (les plus riches : la « ploutonomie »). Un autre terme nouveau, le « précariat » (prolétariat précaire) est apparu pour désigner les travailleurs dont l’existence est de plus en plus précaire.
Par ailleurs, Chomsky affirme que les accords internationaux de libre-échange en vigueur n’ont rien à voir avec un véritable libre-échange. Ils mettent surtout en concurrence les travailleurs de différents pays. Le résultat est que les entreprises multinationales font plus de profits en exploitant une main-d’œuvre bon marché. Un des facteurs de la polarisation de la richesse.
Requiem pour le rêve américain peut paraître déprimant, en montrant comment les puissants entendent conserver leur emprise. Mais il est important de comprendre leurs méthodes pour voir clair dans leur jeu.