Troisième volet d’une biographie indispensable. Le récit s’allonge sans rien perdre de sa pertinence. Ce pan de la vie de René Lévesque méritait d’ailleurs, par l’importance historique du premier référendum, des dimensions généreuses. Le nombre d’années examinées est restreint, mais s’y logent la gouvernance du premier gouvernement péquiste, les tensions d’une équipe rarement sereine et toujours verbeuse et, surtout, la marche au référendum.
Les personnes occupent, dans l’histoire que pratique Pierre Godin, toute la place. Chacune a son passé, plusieurs peinent sous la masse de leur ego, beaucoup, sitôt ministres, voient leur arbre plus que la forêt, certaines demeureront, de bout en bout, gaffeuses et nombrilistes ; la garde rapprochée, formée de conseillers non élus, tirera sans risque bien des ficelles. Tout l’entourage vit pourtant, phénomène qu’on ne reverra guère, une période de grand respect pour René Lévesque. On ne lui dit pas tout, on bougonne contre la théorie des superministères, le grand argentier joue au « bon serviteur » pour cacher ses frustrations, mais, à tout prendre, Lévesque règne. Pierre Godin décrit bien les relations entre ce leader implacablement intègre et un parti aux priorités souvent éclatées.
L’idée de styliser les références allège la lecture, tout en dispensant Pierre Godin d’en dire trop sur chaque source. On mesure la fiabilité sans toujours identifier l’auteur de la confidence. L’époque cruciale étant maintenant cernée, la conclusion ne devrait pas trop se faire attendre.