« Aux États-Unis et en Europe [et il en est sans doute de même au Canada], les médicaments constituent la troisième cause de mortalité après la maladie cardiaque et le cancer », affirme Peter C. Gøtzsche, un médecin danois qui a déjà participé à des essais cliniques pour l’industrie pharmaceutique. Il a donc pu constater de l’intérieur les pratiques du système qu’il dénonce. Il précise d’abord que son propos ne vise pas à nier les bienfaits des médicaments dans plusieurs domaines, comme le traitement des infections, des maladies cardiaques, de certains cancers, des insuffisances hormonales ou du diabète de type 1.
Il s’insurge cependant contre les dérives d’une industrie qui semble avoir perdu de vue l’intérêt des patients et être devenue obnubilée par les profits rapides et excessifs. Une industrie qui est parvenue à soudoyer des représentants de la chaîne entière de mise en marché du médicament : des médecins, des chercheurs, des publications scientifiques, des politiciens et des dirigeants d’organismes d’approbation et de regroupements de malades. Les sommes et autres avantages distribués sous toutes sortes de prétextes à ces intervenants permettent d’offrir aux patients des « médicaments d’imitation », qui ne constituent en rien une percée, et qui sont généralement beaucoup plus chers mais pas toujours plus efficaces que ceux déjà disponibles.
Les pratiques des compagnies pharmaceutiques coûtent une fortune aux patients et aux assurances privées et publiques de médicaments. Elles contribuent à faire exploser les dépenses publiques en santé. Leur gourmandise provoque la mort de nombreuses personnes qui ne peuvent s’offrir des remèdes hors de prix. D’autres personnes, au contraire, perdent la vie ou sont handicapées après avoir consommé des produits dangereux qui devaient les soigner.
Le docteur Gøtzsche propose des mesures destinées à mettre un frein à cette folie de cupidité délétère. Il suggère notamment de créer des sociétés pharmaceutiques d’État. En attendant que cela se produise, il nous met en garde : « […] on ne peut croire un seul mot de ce que disent les compagnies pharmaceutiques, ni dans leurs recherches, ni dans leur marketing ni dans l’information aux patients ».
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