Ce pamphlet au ton parfois mordant réagit au document du Gouvernement du Québec connu sous le nom de « Rapport Larose », du nom du président de « La Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec ». Ce rapport de près de 300 pages, déposé en 2001 et intitulé Le français, une langue pour tout le monde : Une nouvelle approche stratégique et citoyenne, peut d’ailleurs être consulté en ligne à l’adresse suivante :<www.etatsgeneraux.gouv.qc.ca>.
Le livre Larose n’est pas Larousse reprend 18 chroniques parues dans le mensuel montréalais L’Aut Journal, tout au long des travaux de la « Commission Larose », de l’été 2000 à l’automne 2001. Les auteurs, Charles Castonguay, Pierre Dubuc et Jean-Claude Germain, cernent les faiblesses des politiques actuelles chargées de protéger la langue française au Québec. Pour eux, l’idéologie consensuelle ambiante fait en sorte que l’État se contente de dynamiser le fait français au lieu de combattre l’anglicisation, qu’on ne peut plus se permettre d’attaquer à cette époque de rectitude politique. Dans la préface, le romancier Victor-Lévy Beaulieu dénonce les discours qui prennent des détours et affirme vertement qu’ « être Québécois, c’est être français, final bâton ! »
Les textes du démographe Charles Castonguay occupent la première moitié de l’ouvrage. Ses analyses quantitatives sont éloquentes et claires, tant sur l’anglicisation des francophones hors-Québec que sur la bilinguisation des jeunes Québécois. Les statistiques du Gouvernement canadien confirment d’ailleurs une fragilisation du français, même au Québec. Plus loin, les articles de Pierre Dubuc proposent une critique vivifiante de la paresse intellectuelle des journalistes montréalais comme Alain Dubuc, de La Presse, qui est ici visé. L’ensemble demeure très engagé et dissident dans la critique du gouvernement actuel, accusé de ne pas aller assez loin dans sa défense du français. On assiste à un cri de désespoir devant cette situation, posant la question : si le Parti québécois ne peut plus assurer une protection adéquate du français, qui le fera ? La réponse, sous-jacente, réside dans les textes de ces écrivains qui en appellent à un Québec souverain.