C’est un premier livre à déguster. Il sent la bonne chère, les odeurs de plats mitonnés, les parfums du lointain et l’Orient. Il vient au lecteur comme des envies de voyages et de douceurs. À travers le regard de Mélanie Vincelette, le quotidien se transforme. C’est à partir des petits riens de l’existence, sans s’y appesantir, une feuille, un sandwich persillé, un hôtel particulier, du vin dans des coupes, que l’auteure montre les quiproquos, les accidents de parcours, les manques, les « on aurait dû dire – on n’a pas pu ».
Les nouvelles de Mélanie Vincelette sont une invitation à la quête de l’autre. Le complément d’amour, l’indispensable qui bâtit le couple, celui ou celle qui était là, encore hier, devant un verre, qui part sans se retourner, qu’on attend, à qui on ne s’est pas dévoilé. Finalement.
On soupçonne des témoignages autobiographiques dans cette attente de l’absent. Et ce qu’il y a d’étonnant, c’est que tout en exposant au lecteur les méandres de sa psyché, l’auteure paraît introvertie, presque effacée. Elle se réfugie derrière les mots, finement choisis. Cet Autre tant désiré, elle l’a rencontré, au moins en imagination mais plus sûrement physiquement, sinon comment expliquer la subtilité des mots employés, la justesse du sentiment, les « et je me suis souvenue que j’avais un mari » ? C’est certain, elle a été amoureuse d’une personne de son entourage qui ne l’a jamais su, un collègue de travail, un inconnu dans un salle de réception, un client coutumier du riz à la valencienne.
Onze nouvelles pour se laisser bercer au cœur du quotidien ; là où tout est éternel.