Relié plein cuir, ce beau livre s’est paré de ses meilleurs habits pour fêter les 400 ans de la ville de Québec. Il nous offre, choisies par l’écrivain André Croteau, des légendes inspirées de phénomènes obscurs qui ont vaincu le temps et se retrouvent encore dans la mémoire collective des Québécois.
La France, pays d’origine des premiers colonisateurs de ces terres du Nouveau Monde, n’est point, on le sait, étrangère aux légendes fantastiques. Le Moyen Âge en est plein. Et voilà que dans ces nouvelles terres conquises, les autochtones avaient eux aussi leurs légendes. À titre d’exemple, Jacques Lacoursière, au tout début du livre, nous parle de Gougou, cette femme mangeuse réputée de « Sauvages », qui, disait-on, paraissait plus grande que les mâts des navires de Champlain.
Des faits insolites et la religion ont largement contribué à enrichir cette tradition orale qui est à la base de la littérature québécoise. Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871), Pamphile Lemay (1837-1918), Joseph-Charles Taché (1820-1894), Joseph-Ferdinand Morissette (1858-1901) en sont les pionniers. Le loup-garou, le diable, les vivants qui parlent aux morts, les morts qui apparaissent aux vivants remplissent leurs récits. À les lire, nous apprenons à connaître le monde quotidien de ce temps révolu. Pourtant, même situées dans un temps lointain, ces histoires semblent quelquefois être sans âge, opposant ce qui peut encore s’opposer aujourd’hui : le bien et le mal, le héros et le « monstre ». Ce sont de pareilles notions que nous retrouvons dans une version contemporaine de la légende du rocher Percé que nous donne Cécile Gagnon, jeune auteure parmi d’autres qui terminent cette anthologie.
Signalons la contribution importante de Sylvie Morin dont les poèmes font le lien entre les récits et les illustrations, des reproductions en couleur d’œuvres d’artistes contemporains et des dessins au fusain d’Anne Lemieux.
Un beau livre, un bon livre, un hommage rendu à la tradition.