« La musique, une telle musique, est un cadeau sans prix. Pourquoi réclamer le bonheur ; pourquoi espérer ne pas souffrir ? Il suffit, c’est déjà une telle bénédiction, de vivre jour après jour et d’entendre une telle musique – pas trop, car l’âme ne le supporterait pas – de temps en temps. »
Le personnage principal de Quatuor, deuxième roman de Vikram Seth paru en français chez Grasset – après un premier roman, Un garçon convenable (1995), et un récit de voyage, Le lac du ciel, du Sin-K’iang au Tibet (1996) –, pourrait bien être, après tout, la musique. Car dans la vie de Michael, Julia, Mrs Formsby, Piers, Helen et Billy, fugues et sonates sont beaucoup plus que les fils qui nouent et dénouent les liens qui les unissent : elles transcendent leur existence, leur donnent un sens.
Dix ans après l’avoir fui, Michael s’apprête à retourner à Vienne pour y donner un concert avec Piers, Helen et Billy, les autres membres du Quatuor Maggiore. Et voici que des événements raniment les souvenirs de cette année passée à l’école de musique viennoise : une lettre du professeur de musique avec qui Michael avait eu un violent conflit et le visage de Julia, la femme aimée et abandonnée, aperçu dans un autobus. Michael la retrouvera et reprendra une liaison intense et tumultueuse avec une Julia mariée et mère d’un petit garçon, qui vit désormais dans un monde insolite et tragique pour une pianiste : la surdité. Entre Londres, Rochdale, Vienne et Venise, entre La truite de Schubert et L’art de la fugue de Bach, Michael perdra à nouveau son amour mais héritera d’un cadeau précieux.
« La musique m’est plus chère même que le langage, confie Vikram Seth en annexe. Quand j’ai compris que ce serait le sujet de mon livre, j’ai été saisi d’angoisse. Il m’a fallu du temps pour pactiser avec cette idée. » N’empêche : le résultat est aussi envoûtant qu’un concert de musique de chambre.