Pour Ying Chen, la romancière de L’ingratitude et de Immobile, l’ascension des quatre mille marches menant au sommet du célèbre mont Huang Shan illustre « la grandeur inutile de l’art » et en particulier son combat personnel pour maîtriser la langue française. Ce livre est un peu le carnet intime où elle poursuit une réflexion essentielle sur ses origines et ses appartenances. Elle y découvre que son seul véritable pays, c’est l’écriture ; là seulement elle a l’impression de pouvoir se révéler et s’affirmer comme un être unique, en accord avec elle-même. Quand elle est retournée en Chine, après une longue absence, elle y a reconnu des sensations fortes qui lui étaient familières, mais elle n’y a pas vraiment retrouvé ce pays où elle avait vécu vingt-huit ans. Elle évoque par ailleurs les frustrations que lui a fait subir un douanier canadien en la traitant impoliment comme une étrangère « de couleur », alors qu’elle se sent parfaitement intégrée à notre pays.
Tous les témoignages de ce livre étonnant de franchise et de simplicité vont droit au cœur du problème d’une recherche d’identité qui nous concerne tous.