Un petit livre farci de couleur locale et mangé par elle presque jusqu’à la désincarnation. Nul reproche ne peut lui être adressé, car les formules heureuses répondent à l’appel, l’île Maurice fait docilement sa révérence et le dépaysement répand sa candeur… Mais, voilà, la pâte ne lève pas. On lit, on admire, puis on attend, comme devant un bibelot gentil sous toutes ses faces et qu’on voudrait aimer, mais qui demeure inanimé.
Qu’on se méfie quand même de ma sévérité. Je reviendrai un autre jour à ces récits délicieux et surannés, et peut-être sauront-ils alors m’émouvoir. Il suffirait pour cela que j’entende mieux, sous la beauté fade du pittoresque à tout prix, ce que vivent ces habitants bigarrés de l’île Maurice et que je parvienne à faire abstraction de celui qui, avec talent, bonne volonté et maladresse, m’a paru s’interposer aujourd’hui entre eux et moi. Car Gordon-Gentil, au lieu de nous laisser, eux et moi, nous rencontrer, joue avec un zèle juste un peu excessif le maître de cérémonie. Cela donne de la belle littérature, mais de la littérature quand même, alors que Papa, les coiffeurs ennemis, le manguier appelé Jésus, Tonton… ne demandaient qu’à vivre et à nous rejoindre directement.
Un beau film envahi, me semble-t-il, par le cinéaste.