L’auteur est de ces chercheurs qui, sans fracas, mais avec une infinie patience, retournent chaque pierre, les blanches comme les autres. Cette sereine rigueur autorise Serge Gagnon à choisir un titre aux allures de raccourci : oui, le Québec a déjà manqué de prêtres. Un Québec particulier, certes. Pendant un temps limité, certes. Pour des raisons qui perdront leur influence, certes. Mais, oui, le Québec a déjà manqué de prêtres. Pendant la quarantaine d’années qui s’étend de la Révolution française aux tensions qui préludent à la rébellion, le travail proprement pastoral dépend d’une centaine de prêtres dont plusieurs n’ont ni la préparation souhaitable, ni la santé. Le diocèse de Québec a les dimensions d’un continent, les villes réclament, tandis que les paroisses rurales veillent sur des territoires élargis. L’ensemble construit une alternative douloureuse : privilégier le travail pastoral ou favoriser l’enseignement ? La pénurie, de fait, se résorbera lorsque les séminaires assureront une relève plus populeuse et mieux préparée. Dans l’intervalle, une poignée de pasteurs dut assumer des tâches surhumaines. Serge Gagnon fait entendre la voix de ces hommes épuisés, dépassés, conscients de leurs carences, courant d’une urgence à l’autre. Gagnon met également en lumière les priorités de l’épiscopat d’alors : s’il faut choisir entre la messe dominicale et le sermon, que la formation des consciences reçoive la priorité.
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