Réédition de textes parus en 1981 sous le titre Le chewing gum des yeux, Propagandes silencieuses prétend nous expliquer comment nous sommes manipulés par les médias américains il va sans dire, l’auteur étant Français.
De quoi s’agit-il ? En huit chapitres, Ramonet nous fait le « récit de [ses] voyages » dans le cinéma américain, surtout celui des années 1960 et 1970. Dans les deux premiers, il nous livre son credo : oui, l’Amérique complote pour s’emparer de l’âme des peuples ; oui, la publicité viole les cerveaux. Nous voilà informés. Sur de pareilles bases, on aurait pu s’attendre pour le reste de l’opus à une charge en règle contre l’hégémonie cinématographique et télévisuelle américaine. Or, si elle est dénoncée, elle ne constitue pas l’essentiel du propos. En lieu et place de la charge qui s’annonçait, nous avons droit à une démonstration molle des rapports entre le cinéma et des réalités très datées (le conflit du Vietnam, mais aussi la Seconde Guerre mondiale). Et cette démonstration ne va jamais plus loin qu’une énumération descriptive de films et de séries de télévision. Outre que cet inventaire ne convainc que de l’évidence (quand on est en guerre, on diabolise l’ennemi !), le procédé est fastidieux et répétitif, d’autant plus que cette litanie ne se compose que d’œuvres mineures.
On comprend mal les intentions de l’auteur qui a accepté de relancer ces textes sur le marché des idées. Si ceux-ci ont jamais eu quelque intérêt il y a vingt ans, on peut dire sans risque de se tromper qu’ils n’en présentent aucun maintenant. À moins tout simplement qu’on ne soit victime d’une astuce d’éditeur en panne de manuscrits.