Émigrée au Québec en 1957, la Française Minou Petrowski nous dévoile dans son autobiographie son côté femme forte – bien connu du grand public – et son côté midinette, inattendu chez cette féroce et amusante journaliste-critique et intervieweuse.
« Je suis toujours la petite fille qui n’en finit pas d’avoir peur », avoue-t-elle dans ses mémoires de femme âgée, née à Nice en 1931. Si elle conserve le nom à consonance russe de son mari – dont elle a divorcé en 1972 –, c’est que le sien a été inventé de toutes pièces : Minou Visda. « Je n’ai pas de nom avant l’âge de quatre ans », explique-t-elle. Et comment ses proches l’appelaient ?
L’écrivaine ne connaît toujours pas ses propres origines. Est-elle vraiment née Futternik, d’un père né dans un shtetl en Ukraine, et d’une mère biélorusse, peut-être juive, née Kozlowska ? Minou Petrowski poursuit inlassablement sa quête et obtient parfois des réponses troublantes.
La vie ajoute aux douleurs de l’enfant abandonnée : « […] bâtarde […] sale Juive », la mort précoce du père adoptif bien-aimé et l’étrange relation entretenue avec une froide figure maternelle, qu’elle nomme « Madame Vautier ». On a connu plus chaleureux comme attachement filial. Est-ce par besoin de tendresse que Minou Petrowski se cache d’elle-même, dans un étrange renoncement à son individualité ? « Dans les bras des hommes, j’ai cherché à exister, dans le regard des gens, j’ai voulu devenir l’autre. »
Ni la vie ni l’écriture de cette touche-à-tout ne sont faciles à suivre, faites de mélis-mélos, de trous à combler ou encore de pénibles répétitions. Heureusement, l’auteure propose une histoire touchante, d’une folle existence bien remplie, de rencontres émouvantes avec des vedettes célèbres, dont quelques-unes lui demeurent fidèles.
Éternelle pigiste désargentée, Minou Petrowski gagne sa vie aujourd’hui en faisant de la figuration à la télévision, en espérant, dit-elle, que « cette escapade dans la fiction me sauve de mon angoisse quotidienne ».