Depuis La maison aux esprits, publié en 1994 dans sa version française, Isabel Allende ne cesse d’explorer l’histoire de son Chili natal. Son nouveau roman, Portrait sépia, dont l’intrigue débute cependant dans le San Francisco des années 1870, ne fait pas exception.
Au sein de la bonne société californienne, Paulina del Valle Rodriguez de la Cruz préside aux destins des membres de cette riche famille d’immigrants chiliens. Mais lorsque son mari meurt, que son fils Matias atteint de syphilis s’embarque pour l’Europe avec l’ancienne maîtresse de son père et qu’on lui confie la petite Aurora, fille naturelle de son fils adoptée par son neveu Severo, Paulina décide de retourner au Chili.
Profondément marquée par la mort tragique de son grand-père maternel, Tao Chi’en, un acupuncteur renommé assassiné par la mafia chinoise, Aurora grandit dans la grande maison de Santiago au milieu des activités politiques plus ou moins clandestines de Nivea, seconde épouse de Severo, et de sa tutrice Matilde. Poussée par les encouragements d’un grand photographe, Aurora témoigne de la vie chilienne, immortalisant sur ses portraits sépia, les visages ravagés des indigents de Santiago et ceux des paysans et des Indiens vivant sur les terres familiales de son mari, Diego Dominguez. Mais Diego en aime une autre et Aurora, après la mort de Paulina, revient vivre en banlieue de Santiago où elle vivra pleinement ses amours et sa vie de photographe en marge des interdits de la bonne société chilienne du début du XXIe siècle.
De la guerre opposant le Chili au Pérou et à la Bolivie jusqu’à l’émergence des grands vignobles chiliens en passant par le sort des sing song girls, les petites prostituées du Chinatown de San Francisco, et les graves tourmentes politiques qui ont secoué Santiago depuis le milieu du XXe siècle, Allende offre une leçon d’histoire à travers une saga familiale foisonnante de personnages tous plus colorés les uns que les autres.
Un best-seller passionnant fort bien rendu par le traducteur qui a su transposer la verve unique et un peu baroque d’Isabel Allende souvent comparée au Prix Nobel de littérature, Gabriel García Márquez.