Être chercheure féministe de langue française, voilà le défi que relève Huguette Dagenais. Elle rassemble dans Pluralité et convergences les textes de 28 femmes — et un homme — qui établissent l’état des lieux et de la recherche féministe dans la francophonie, tel que l’avait présenté un colloque international tenu à Québec en 1993. Dans cet essai s’affirme égalememt la volonté des membres du collectif de se démarquer, à travers leur langue et des sensibilités différentes, de la recherche américaine dominante — même si celle-ci demeure incontournable.
De différentes origines (du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et du Québec pour le Canada, des États-Unis, de la France, du Maroc et du Sénégal), les auteurs abordent dans une première partie, à travers les résultats d’enquêtes, la sexualité et la procréation, la prostitution féminine et masculine, la famille et le travail, le sida chez les femmes africaines ; ils étudient également certaines problématiques, comme le rapport des femmes immigrantes du Sud avec le féminisme du Nord ou l’apparition d’un « féminisme territorial » en Europe. Une seconde partie, plus théorique, décrit le nouvel essor du féminisme en France et la persistance du féminisme chez les Canadiennes francophones, ainsi que l’émergence d’un féminisme au Maroc ou en Afrique. Enfin, certaines auteures s’interrogent sur les rapports entre l’État et le féminisme au Québec, mais aussi sur l’avenir de la relève féministe.
Voilà donc un ouvrage passionnant, accessible, qui déconstruit le cliché d’un féminisme agressif et propagandiste, et dont certains textes mériteraient d’être mis à la disposition d’un public élargi. Sa lecture s’impose quand on s’intéresse un tant soit peu au féminisme moderne.