Ping-Pong intéressera d’abord les adeptes de ce sport quelque peu sous-estimé et les lecteurs de Jerome Charyn, auteur bien connu de romans policiers.
Dans cet essai, l’écrivain présente une galerie de personnages bien réels associés au ping-pong, tous plus pittoresques les uns que les autres. Initié au sport à New York dans les années 1950, il continue à le pratiquer avec passion, malgré son peu de talent, à Paris où il rencontre Georges Moustaki qui deviendra l’un de ses adversaires. Les clubs de ping-pong sont peu nombreux et ils ne sont pas fréquentés par la crème de la société. Les meilleurs joueurs sont souvent des paumés. Mais dans ces clubs, ce sont des rois du revers, des métronomes du rythme, des dieux de la raquette verte, avec ou sans revêtement de caoutchouc, avec ou sans picots.
Jerome Charyn discute âprement des améliorations techniques, comment celles-ci ont rendu le style de certains champions complètement désuet et les ont renvoyés aux poubelles de l’histoire. Les améliorations technologiques fragilisent les sports, quels qu’ils soient. Les champions du passé sont floués, trahis. Ils tentent de contester la légalité d’une modification que déjà une fédération sportive la sanctionne pour favoriser les nouveaux joueurs qui l’ont introduite.
On constate que le ping-pong a joué un rôle diplomatique entre la Chine et les États-Unis sous Nixon. Déjà à l’époque, les Chinois dominaient outrageusement le sport, mais ils ont fait ce qui était nécessaire pour épargner les joueurs étatsuniens dont ils avaient besoin pour convaincre l’Occident de s’ouvrir à la Chine communiste. Comme quoi un sport anodin peut se révéler important dans certaines circonstances. Mais l’intérêt du livre réside surtout dans la prose de l’écrivain, toute en subtilité, en humour.