Portées par une écriture vive, hésitant parfois entre la justesse des images – « Je sens ma tête, toute chaude, s’empourprer d’une lente fureur » – et une maladroite ironie – « Trop occupée à trembler, elle ne répond pas » -, le premier recueil d’Éric Valiquette étonne. Et c’est peut-être d’ailleurs ça, ce désir flagrant d’étonner, qui agace un peu à la lecture des trois ou quatre premiers textes.
Ces premières Petites morts en prose sont en effet toutes construites selon la même structure de chute, fermée, destinée à surprendre. Ainsi, dans « Violon dingue », on croit accompagner la filature d’un inconnu fasciné par une femme qu’il traque jusque chez elle, pour s’apercevoir que ce dangereux obsédé est un familier de la maison et de ceux qui y vivent. Si l’effet est marquant une première, une deuxième fois, la technique perd vite de son efficacité puisque le lecteur s’y attend déjà trop et cherche, dès le début du récit, d’où viendra le revirement, la surprise.
Il serait toutefois dommage que, lassé, le lecteur referme le livre car l’ensemble du recueil, divisé en quatre parties – « les démentes », « les risibles », « les indécentes » et « les théâtrales » – réserve de belles surprises d’un autre ordre. « Les thermes de Buda », « L’orphelin de Prague », « Sado et Maso », « L’orfèvre », « La résurrection », « Made in Taïwan », « Gava » ou « La potence », par exemple, donnent un bel aperçu du registre thématique et narratif d’Éric Valiquette dont on surveillera avec plaisir le prochain ouvrage. Dans l’intervalle, une lecture à petites doses de ses Petites morts en prose permettra sans doute d’éviter la sensation agaçante de déjà lu, d’une nouvelle à l’autre, de les apprécier davantage, l’une après l’autre.