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Mode lecture zen

NUIT BLANCHE

Premier titre de la collection « Hôtel central » associant un duo de poètes ainsi qu’un musicien, le livre-disque Personne ne sait que je t’aime constitue un fort beau coup d’envoi. On y retrouve deux des voix les plus graves (au sens sonore) de la poésie québécoise, de même que deux univers littéraires assez contrastés. Il n’était effectivement pas si évident d’allier le zen sensuel de José Acquelin à l’intimité métaphysique de Martine Audet, mais leur rencontre avec Michel F. Côté, grâce au motif de l’hôtel, arrive à créer un espace intrigant et habitable, et ce, autant sur le support audio que dans la forme écrite.

Il faut dire que la prise de son et les arrangements sont si impeccables et justes qu’ils arriveraient à nous faire apprécier une litanie tirée du bottin téléphonique. Mais avec deux plumes d’une telle qualité, l’objet résiste très bien à la réécoute, alors qu’on trouvera peu d’exemples québécois d’une pareille rencontre entre poésie et musique, plusieurs projets de ce type montrant des faiblesses évidentes soit sur le plan du son ou du texte. Ici, chaque auteur progresse dans sa propre poétique, alors que l’écriture par correspondance et les rencontres en studio semblent avoir soudé leurs paroles irrémédiablement. Le lecteur/auditeur entre aisément en connivence avec ces voix, se sentant tout de suite sur les lieux, d’une façon presque impudique.

On ne sait si cette collection dirigée par Christine Germain (autrefois de l’équipe de l’émission de radio Les décrocheurs d’étoiles) saura maintenir le cap avec les prochains trios, mais une nouvelle voie est désormais indiquée pour la création québécoise, ce qui ouvre tout un champ pour l’imagination et le savoir-faire des poètes et des musiciens. NB

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